Baisser les rendements, vraiment ?   

Publié le 11 février 2021
par Jean-Christophe Debar, consultant FARM
1 commentaires

Face aux dommages causés à la biodiversité par l’agriculture « productiviste », il est tentant de penser que la solution réside dans la baisse des rendements, résultant d’un moindre usage d’engrais minéraux et de produits phytosanitaires. Mais ce serait faire fausse route : pour limiter l’expansion des surfaces cultivées et assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations, il faut trouver les voies d’une intensification écologique, visant à produire plus avec moins d’intrants tout en rémunérant correctement les agriculteurs.   

On n’en finit pas d’énumérer les impacts négatifs de l’agriculture conventionnelle sur la flore, la faune ou encore la qualité des sols, de l’air et de l’eau. La critique s’étend à la santé humaine, à cause de la nocivité de certains pesticides. Il est vrai que l’extraordinaire efficacité du mode de production conventionnel, qui a permis par exemple de quintupler le rendement du blé en France en cinquante ans, a trouvé ses limites en raison des effets induits sur la biodiversité et le climat et des préoccupations des consommateurs sur la sûreté des aliments. Ce modèle est condamné. Mais quelles sont les alternatives ?

Comme l’ont montré les échanges qui se sont tenus début février dans le cadre de l’université Afterres 2050, certaines prospectives, comme celles de l’Iddri et de Solagro, tournent résolument le dos à l’agriculture qualifiée de productiviste[1]. Elles reposent sur une baisse des rendements des principales cultures de l’ordre de 30-35 %, jusqu’aux niveaux obtenus actuellement en agriculture biologique, grâce à une réduction drastique de l’usage d’intrants chimiques. Tel est également l’un des axes du rapport récemment publié par le think tank anglais Chatham House, avec l’appui du Programme des Nations unies pour l’environnement[2].

Trois leviers

Selon les auteurs du rapport, trois leviers doivent être actionnés pour réduire les pertes de biodiversité causées par l’activité agricole. Il faut tout d’abord rééquilibrer notre alimentation en mangeant plus de produits végétaux, tout en diminuant les pertes et gaspillages au sein de la chaîne alimentaire, afin d’alléger les besoins en terres cultivées : une évolution d’autant plus souhaitable que l’on consomme trop de viande et que l’élevage émet de grandes quantités de gaz à effet de serre. Il est en outre nécessaire de mettre en réserve une partie des terres aujourd’hui consacrées à l’agriculture et d’éviter d’en convertir de nouvelles, pour accroître les espaces naturels. Il convient enfin, toujours selon Chatham House, de cultiver de manière plus respectueuse de l’environnement, en restreignant l’utilisation d’intrants de synthèse et « en remplaçant la monoculture par la polyculture », ce qui suppose d’accepter l’idée que les rendements obtenus dans ces conditions seront toujours plus faibles que dans les systèmes conventionnels.

Ce raisonnement accorde un rôle central à l’évolution de la demande. La modification de la consommation alimentaire, en quantité et en qualité, rendrait possible une limitation des surfaces cultivées, donc une extension des espaces protégés, et une baisse des rendements. Malheureusement, les arguments avancés ne résistent pas aux faits.

Manger plus sain ? Oui mais…

En réalité, l’adoption généralisée de régimes alimentaires plus équilibrés, conformes aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé, ne suffirait pas à éviter une hausse globale de la demande et, en cas de déclin des rendements, une progression des surfaces cultivées. Selon l’étude prospective réalisée par l’Inrae pour Pluriagri[3], la demande alimentaire mondiale, exprimée en calories, pourrait croître de 47 % entre 2010 et 2050 si les régimes alimentaires restaient sur leur évolution tendancielle et de 38 % en cas de régimes alimentaires plus sains, de composition variable selon les régions. Dans ce second scénario, les superficies cultivées reculeraient en moyenne de 3 % avec des rendements « hauts » et augmenteraient de 12 % avec des rendements « bas », mais néanmoins en hausse[4]. L’hypothèse d’une baisse des rendements n’a pas été étudiée, mais elle conduirait selon toute vraisemblance à une explosion des surfaces supplémentaires dédiées à l’agriculture, de l’ordre de plusieurs centaines de millions d’hectares.

Ces résultats s’expliquent essentiellement par deux facteurs. D’une part, dans les projections de l’Inrae, l’expansion de la population mondiale fait plus que compenser la diminution moyenne de la consommation par tête due à une alimentation plus équilibrée. D’autre part, dans beaucoup de pays en développement, en particulier en Afrique subsaharienne, l’adoption de régimes plus favorables à la santé a pour conséquence une augmentation de la consommation par tête, en particulier de produits animaux, car leur sous-consommation actuelle, selon les standards officiels, est responsable de graves carences nutritionnelles. Cela montre bien que l’on ne peut pas étendre à l’ensemble de la planète le raisonnement souvent tenu dans les pays riches.

Tensions foncières

Quel que soit le régime alimentaire, dans les pays au sud du Sahara, un accroissement significatif des surfaces cultivées semble inéluctable. Les projections de l’Inrae pour Pluriagri l’évaluent entre 32 % (régimes tendanciels) et 53 % (régimes sains) en cas de rendements élevés, c’est-à-dire avec une accélération du rythme du progrès technique. Inversement, une décélération de la productivité ferait augmenter les superficies cultivées dans la région entre 84 et 113 %, selon le régime alimentaire (tableau). L’expansion des cultures empiétant sur les prairies et les forêts, il en résulterait d’énormes pertes de biodiversité et un surcroît inquiétant d’émissions de gaz à effet de serre.

Et le revenu agricole ?

Un défaut majeur de la quasi-totalité des prospectives publiées est qu’elles n’apportent aucun éclairage sur les implications des scénarios étudiés sur le revenu des agriculteurs. Le rapport de Chatham House n’y échappe pas. Or, toutes choses égales par ailleurs, une baisse des rendements ne pourrait être contrebalancée que par une réduction des coûts de production, une hausse des prix agricoles ou l’apport de recettes complémentaires, provenant par exemple de paiements pour services environnementaux.

Une diminution des achats d’intrants réduirait les coûts de production mais, faute de données précises, il est difficile d’anticiper son impact sur les revenus agricoles. Quant aux prix de marché, les agriculteurs ont très peu de contrôle sur leur niveau, même si les primes payées dans le cadre du commerce équitable – essentiellement pour les produits agricoles exportés vers les pays à haut revenu – peuvent augmenter leurs recettes. En revanche, il existe des arguments forts en faveur de paiements pour services environnementaux, financés par des aides publiques ou des marchés spécifiques, tels qu’ils commencent à émerger pour le stockage de carbone dans les sols agricoles : encore faut-il dégager pour cela des budgets adéquats ou faire en sorte que les agriculteurs puissent participer à ces marchés et en tirer profit.

En tout état de cause, si la baisse des rendements devait aboutir à diminuer le revenu des agriculteurs, la pression pour une augmentation de la taille des exploitations – et donc, en Afrique, pour un défrichement accru de la savane et de la forêt – se renforcerait d’autant.

Triple performance

Le dogme d’une agriculture guidée par la maximisation de la performance technico-économique, sans égard pour l’environnement, a vécu. Rien ne sert de lui en substituer un nouveau, qui conduirait à ne considérer le développement durable que sous l’angle de la biodiversité, du changement climatique ou des préoccupations sanitaires. Le développement durable, rappelons-le, s’appuie sur la recherche simultanée d’une triple performance – économique, sociale et environnementale.

Une hausse de la productivité est impérative, notamment en Afrique subsaharienne, pour augmenter les revenus agricoles et réduire le coût de l’alimentation, à condition de minimiser ses effets négatifs sur les milieux naturels. L’objectif de la transition agroécologique ne devrait donc pas être de baisser les rendements, mais de trouver les voies d’une nouvelle intensification de l’agriculture, entièrement repensée, permettant de produire plus avec moins d’intrants. Les clés en sont connues : un vigoureux effort de recherche et d’innovation, accompagné d’une vulgarisation des résultats obtenus auprès des agriculteurs ; l’intégration des exigences du développement durable dans les filières agroalimentaires ; enfin, la rémunération des services environnementaux fournis par l’agriculture, via des aides directes ou des marchés spécifiques. Dans les pays du Sud, ces réflexions ont une portée considérable, car elles s’inscrivent dans la perspective globale des politiques visant à lutter contre la pauvreté et à réduire les écarts structurels de revenus entre villes et campagnes[5].

 

[1] Martine Jullien, « Universités Afterres : la prospective au service des réflexions stratégiques décroissantes ? », lettre d’information AGPB du 05/02/2021.

[2] Tim G. Benton et al., « Food system impacts on biodiversity loss. Three levers for food system transformation in support of nature », Research Paper, Energy, Environment and Resources Program, Chatham House, February 2021.

[3] A. Tibi et al., 2020. « Place des agricultures européennes dans le monde à l’horizon 2050 : entre enjeux climatiques et défis de la sécurité alimentaire ». Rapport de synthèse de l’étude Inrae.

[4] Compte tenu des incertitudes, les simulations de l’Inrae ont été réalisées en utilisant deux jeux de projections. Le scénario de rendements « hauts » repose sur un rythme soutenu des évolutions techniques et la pleine valorisation par les plantes de la hausse de la teneur de l’atmosphère en CO2 due au changement climatique. Il revient à prolonger jusqu’à 2050 le ralentissement de la croissance moyenne des rendements observé ces deux dernières décennies. Inversement, les rendements « bas » supposent un progrès technique plus modéré et une absence de valorisation du CO2 par les plantes.

[5] Jean-Christophe Debar et Abdoul Fattath Tapsoba, « La convergence des revenus agricoles et non-agricoles : mythe ou réalité ? », Blog FARM, 11 janvier 2021. https://fondation-farm.org/la-convergence-des-revenus-agricoles-et-non-agricoles-mythe-ou-realite/

Un commentaire sur “Baisser les rendements, vraiment ?   

  1. + Ecrit le 11 février 2021 par : ludovic.larbodiere@iucn.org
    Bonjour
    Ce qui est bon au Nord ne l’est pas nécessairement au Sud, et vice-versa. Je trouve votre article intéressant, notamment parce-qu’il souligne la nécessité d’une intensification ecologique pour réduire l’extension des terres agricoles, et parce-qu’il souligne bien que les solutions au Sud et au Nord ne seront pas nécessairement identiques. Deux bémols cependant: – Je ne peux pas souscrire à votre conclusion. Un accroissement global de la productivité peut très bien avoir lieu via l’adoption de pratiques qui réduiraient (de manière modérée) la productivité dans les pays développés tout en l’accroissant dans les pays en développement et dans les PMA. Les écarts de productivité actuels peuvent tout à fait le justifier. – Et en matière de biodiversité, on ne peut comme vous le faites faire l’impasse sur la biodiversité des agro-ecosystèmes. Si l’intensification permettrait effectivement de réduire les changements d’usage et les pertes de biodiversité notamment en zones forestière, de prairies, toubières ou zones humides, elle réduirait considérablement la biodiversité dans les paysages agricoles qui représentent la grande majorité des zones habitées par l’homme. Il faut donc une intensification écologique des systèmes agricoles, qui permette une amélioration des rendements au Sud et un accroissement de la biodiversité au Nord, tout en évitant une expansion trop importante des terres. Ludovic LARBODIERE

    + Ecrit le 11 février 2021 par : CAPO-CHICHI michael 3979
    Mangeons ce que nous produisons, produisons ce que nous mangeons.

    + Ecrit le 11 février 2021 par : FV77380 3982
    “…Le dogme ne considérant le développement durable que sous l’angle de la biodiversité, du changement climatique ou des préoccupations sanitaires…”
    J’imagine que ce serait déjà bien de s’occuper de cela effectivement en priorité car ces problèmes vont devenir majeurs dans très peu d’années. Les recettes que vous proposez interrogent : “Les clés en sont connues : un vigoureux effort de recherche et d’innovation, accompagné d’une vulgarisation des résultats obtenus auprès des agriculteurs ; l’intégration des exigences du développement durable dans les filières agroalimentaires…” Ces clés sont effectivement très connues puisque ce sont elles qui nous ont conduit là où en est aujourd’hui. Alors que les rendements ont été multipliés par 3 ou 4, je doute que les revenus des agriculteurs ont suivi la même évolution. C’est tout le secteur para-agricole qui a récupéré les bénéfices (marchands de matériels, de semences, de phytos) c’est donc bien cette agriculture productiviste qu’il faut stopper. Cela prouve juste que les solutions d’avenir ne viendront pas des responsables du modèle actuel, ni de leur fidèles soutiens…

    + Ecrit le 11 février 2021 par : Pierre Jacquemot 3983
    Quatre brèves remarques sur cet intéressant papier pour contribuer au débat sur la question des rendements.
    1. Avec la promotion de l’agroécologie ce n’est pas la baisse des rendements qui est recherchée (formulation me semble-t-il maladroite en introduction, heureusement corrigée ensuite) mais une autre façon de faire de l’agriculture en situation critique. On peut résumer ses principes clés selon quatre grandes catégories : 1/la préservation des ressources naturelles et de la biodiversité ; 2/ la limitation des externalités négatives ; 3/la génération progressive de revenus sûrs ; 4/la valorisation des savoirs endogènes qui sont souvent intelligemment adaptés aux contraintes environnementales et qui méritent d’être compris dans les multiples dimensions de la vie de leurs usagers. Ses ressources sont connues depuis très longtemps : certaines pratiques comme les différents types de jachères, les polycultures, les associations arbres/cultures annuelles qui jouent sur la répartition des risques sont ancrées dans les savoirs paysans. Ses avantages ne se résument donc pas au calcul des rendements. Pour autant, les difficultés de la transition agroécologique ne sont pas occultées par ses partisans. Leur application par les cultivateurs se heurte à des obstacles de différents ordres. La transition prend du temps, d’autant qu’il n’y a jamais d’option unique miraculeuse en ce domaine où les solutions dépendent des caractéristiques agroclimatiques et socio-économiques de chacune des exploitations. Sur ces sujets, il est utile de signaler l’importance des connaissances déjà mobilisées par l’expertise française, le Cirad bien sûr, mais aussi Agrisud, Avsf et Gret, qui tous les 3, séparément ont publié de très bons manuels d’agroécologie inspirés du terrain. 2. Face à l’enjeu fondamental de la reconquête des souverainetés agricole et alimentaire en Afrique, deux certitudes s’imposent. La première est qu’il ne faut pas adopter une position rigide, doctrinale. Les paysans africains ont besoin de semences de meilleure qualité et en plus grande variété. Les plantes biotech peuvent apporter des réponses techniques pertinentes dans une démarche globale de diversification des pratiques agricoles et de répartition des usages, aux côtés de l’agroécologie, de l’agriculture conventionnelle ou de l’agriculture biologique. La diversité est un gage de durabilité. Les potentialités de la combinaison de l’ingénierie génétique et de l’ingénierie écologiques sont importantes pour construire une « agriculture écologiquement intensive », une démarche globale de gestion d’une exploitation consistant à renforcer les impacts positifs des pratiques agricoles et d’élevage sur l’environnement et à réduire leurs effets négatifs, sans remettre en cause la rentabilité économique des exploitations. La seconde certitude, la question semencière ne résume pas le problème. Parier seulement sur la responsabilité de la plante laisse de côté les avantages que l’on peut retirer de la maîtrise d’autres facteurs (itinéraires techniques, assolement, sécurité foncière, maîtrise de l’eau…) aussi essentiels pour les revenus ruraux. 3. Nombre d’agriculteurs subsahariens diversifient les risques et les sources de revenus. Ils sont déjà en pluri-activité, selon les saisons et les sources de revenus se diversifient y compris dans le rural non agricole. Les temporalités migratoires répondent aux situations lorsqu’elles sont critiques. Dans les régions sahéliennes par exemple, le sort des paysans quand il est précaire est souvent lié à leur mobilité spatiale. L’alternance entre une brève saison des pluies utiles et d’une longue saison sèche libère une partie de la main-d’œuvre de l’agriculture familiale pour des travaux ailleurs. 4. Dernière remarque, le potentiel d’extensification en Afrique subsaharienne n’est pas sans limites. Plus de la moitié de la superficie disponible pour l’agriculture du continent africain serait affectée par ces processus de dégradation des terres, pénalisant ainsi très gravement les rendements. Les disponibilités réelles encore inexploitées, et susceptibles de l’être dans des conditions soutenables pour l’environnement (en préservant les forêts, les prairies et les habitats à valeur écologique) et avec des rendements supérieurs à un minimum acceptable, pour des cultures de l’un au moins des produits suivants : blé, maïs, manioc, coton, arachide, cacao, café, thé, huile de palme, soja, colza, fruits, légumes, sucre, fleurs coupées et agrocarburants, serait approximativement de l’ordre 50 millions d’ha. Ces données intègrent encore pêle-mêle des terres en jachère, c’est-à-dire temporairement « mises en repos », retirées de la production, mais aussi des terres qui sont utilisées par les populations pour leur survie (cueillette, récolte du bois de chauffe, chasse), des forêts communautaires ou encore des zones réservées à des rites aux ancêtres qui doivent à l’évidence être exclues sous peine de mettre en situation critique l’écosystème général des territoires concernés. La prise en compte des éléments qui précèdent réduit encore davantage les superficies nouvellement utilisables pour l’activité agricole. Et c’est sans compter les contraintes sociales et juridiques. Sans compter aussi les facteurs sécuritaires qui contrarient l’accès aux aires utiles. Les guerres civiles et l’instabilité politique, singulièrement dans le Sahel, en Centrafrique et dans l’est de la RD Congo, excluent une large frange de terres de l’extension des capacités agricoles. En dehors du Sahara, du cœur de la cuvette congolaise et dans les aires protégées du Kenya, de la Tanzanie et de l’Afrique australe, il existe en Afrique en réalité quasiment pas d’espaces vides de droits, même dans les aires en apparence disponibles et dans les grandes zones arides. Comme ailleurs, en Asie tout particulièrement, elles font pratiquement toujours l’objet de droits et d’usages spécifiques, construits à l’origine autour du lignage, à partir des défriches successives des descendants.

    + Ecrit le 12 février 2021 par : Christian Couturier 3985
    Bonjour, tout d’abord merci d’avoir parlé de l’université Afterres.
    J’ai deux remarques principales à votre commentaire. 1. Il est tout à fait étrange de présenter nos travaux comme visant la décroissance (lettre d’info de l’AGPM, qui semble être votre source) ou de présenter la baisse des rendements comme une fin en soi, ou encore de présenter la prise en compte du climat et de la biodiversité comme une sorte de dogme qui viendrait remplacer celui du “productivisme”. Au contraire nos travaux visent à intégrer ces différentes dimensions. Vous présentez le développement durable comme la triple optimisation environnementale, sociale et économique, donc un compris entre les 3. Une autre vision consiste à considérer que l’environnement est le socle. Le social puis l’économie viennent s’y superposent successivement. Voir https://journals.openedition.org/developpementdurable/1133?lang=en. La vision “triple optimisation” repose implicitement sur une forme d’équivalence entre le social, l’économie et l’écologie, donc sur une capacité de substitution, autrement dit la capacité de l’économie à réparer les dégats écologiques. Cette vision s’est obsolète compte tenu de la réalité des dégats écologiques observables. 2. Nos travaux portent sur la France et l’Europe. Il n’est pas permis de les extrapoler en particulier à l’Afrique ou à l’Asie du Sud. En particulier il n’est absolument pas dit dans nos travaux que la productivité doit diminuer dans ces régions, contrairement à ce que vous laissez entendre. La vraie question qui se pose est de savoir si l’agriculture européenne doit maintenir son discours exportationniste sans se poser la question de sa contribution à la destruction des paysanneries du Sud.Voir plutôt les nombreux écrits de Jacques Berthelot à ce sujet, par exemple https://www.sol-asso.fr/wp-content/uploads/2020/01/Les-subventions-agricoles-des-EU-et-de-l%E2%80%99UE-aux-exportations-agricoles-vers-lOCI-17-novembre-2020.pdf . Monsieur Debar, nous sommes ouverts à la discussion, n’hésitez pas à nous interroger car nous sommes la première source de nos travaux… Cordialement.

    + Ecrit le 12 février 2021 par : amor_chermiti@yahoo.com 3986
    L’article est très intéressant; ainsi que les remarques et les suggestions des différents collègues et amis. Je rajoute également, les points suivants:
    – les conclusions avancées pour les pays du nord, ne peuvent être extrapolées à ceux du sud, et plus particulièrement de nombreux pays africains; – Qui sont à l’origine de la négligence de la biodiversité, et plus particulièrement aux aspects liés à la production de semences et plants plus adaptés aux conditions de l’environnement? Il est temps que les multinationales qui détiennent les marchés de commercialisation des semences et plants et produits phytosanitaires de revoir leurs réflexions en prenant en considération dans leurs programmes de recherche le respect de l’environnement, et en conséquence la santé humaine, animale et végétale; – Dans de nombreux pays du monde, les ministères de l’agriculture, de l’environnement, du commerce et de la santé sont séparés, n’est-il pas temps de repenser ces idées en transformant ces département en un seul pôle relatif à l’agriculture, l’environnement et la santé. Le commerce intègre automatiquement l’agriculture à partir du moment où l’agriculture n’est plus considérée comme outils de production; mais plutôt définie en termes d’accès aux marchés.

    + Ecrit le 14 février 2021 par : jm bouquery 3987
    Rendement ? De quoi ? De qui ? – Le nb d’agriculteurs est une variable d’ajustement.
    Chacun ses héros ou son héroïne, le “seul facteur qui peut sonner deux fois” (au moins) est le progrès scientifique et technique, qui peut dépasser ses erreurs et ses manquements, à coup de capital, quelle qu’en soit la gouvernance. Respect chaleureux et éternel à Berthelot. Corne d’auroch.

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